Feely ou Annko Childhood
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Feely ou Annko Childhood
Il ajuste son gant en cuir, attrape son arc et saisit une flèche dans son carquois à sa ceinture. Il se met en place, bande sa corde et coupe sa respiration. Voilà. Il y est. Cet instant qu’il aime tant. Ce moment unique durant lequel chacun de ses sens n’est plus qu’un. Cette seconde durant laquelle son âme fait corps avec le bois de l’arc, avec les plumes de sa flèche. Il sent le vent sur les deux doigts que le cuir ne recouvre pas. Ce vent qu’il devra utiliser pour atteindre la cible. Elle est loin, très loin entre les feuillages d’un immense chêne. Par delà les champs de blé, par delà la vallée de coquelicots, près d’un lac. C’est une petite poupée de tissus gris, avec deux boutons pour les yeux. Annko la voit… Dans son esprit. L’image est nette. La poupée est adossée à l’écorce tortueuse de l’arbre centenaire. À côté d’elle, une alouette annonce le début du printemps, alors que quelques pieds en dessous, là où les racines émergent du sol, un jeune renard s’amuse avec un ruban pourpre.
Ses muscles lui font mal. Il ferme les yeux. Visualise tout ce qui l’entoure. Visualise la corde de son arc, bandée comme les muscles de son dos nu. Visualise l’arbre, ancré dans le sol, à l’image de ses jambes à moitié recouvertes d’une jupe noire. Il ouvre les yeux, pointe le ciel, et libère la corde en expirant. La flèche s’envole en sifflant, transperce les nuages et disparaît. Mais rien n’est terminé. Il ne doit surtout pas relâcher sa concentration sur la trajectoire de la flèche. Un instant. Un tintement retentit. Annko sourit. La flèche a transpercé la poupée, libérant les quelques grelots qu’elle contenait. Annko pose son arc sur son épaule, et s’avance. La route est longue jusqu’au vieux chêne. Il traverse les champs de blé, océan d’or sous un soleil brûlant. Ici et là, des épouvantails tentent vainement d’effrayer les corbeaux, avides de céréales. Le marcheur s’approche d’un plant, et saisit quelques graines. Il en lance une en l’air, sans s’arrêter de marcher. Elle n’a même pas le temps d’amorcer sa descente qu’une nuée d’oiseaux noirs l’a emportée. Annko sourit encore. Des oiseaux... Il a toujours été passionné par ces animaux. La précision du faucon qui, semblable à un carreau d’arbalète, vient planter ses serres dans sa proie. Il lance deux nouvelles graines, de nouveau avalées en vol. Puis, il en tend une troisième, qu’il tient du bout de ses doigts. Instantanément, un corbeau plus courageux que les autres vient la chercher, lui arrachant un morceau de chair du même coup. Le jeune homme grimace, mais continue de marcher. Lentement, il met deux graines sur sa tête, et ferme les yeux. Dans un battement d’ailes précipité, le même corbeau saisit les fruits avec ses serres, griffant le cuir chevelu. Nouveau rictus. Annko dépose les trois dernières graines sur son épaule nue, et ferme encore les yeux. Rien ne se passe. Lorsqu’il les rouvre, l’oiseau est posé sur épaule, et se lisse les plumes. Les dernières graines ont disparu, mais Annko n’a pas mal. Les serres ne percent pas sa peau, le bec ne déchire pas son corps.
Il traverse enfin la vallée de coquelicots, fleuve de sang empli de vie. Le corbeau quitte son épaule parfois, pour revenir rassasié, une libellule bleu électrique au bec. Le marcheur enlève son gant, et laisse ses mains effleurer les pétales pourpres des coquelicots. D’ici, il peut déjà voir le lac, une immense goutte d’eau dans ce torrent de feu. Il s’approche davantage. Le corbeau s’envole bientôt, retournant auprès des siens.
Le grand chêne est là. Le renard est parti, laissant le ruban rouge autour d’une fine racine. Annko le saisit, l’attache autour de son bras, puis s’assoit, le dos contre le tronc. A ses pieds, deux grelots brillent des derniers feux du soleil couchant. Il lève la tête. Au dessus de lui, la poupée le regarde, une flèche dans le cœur…
Ses muscles lui font mal. Il ferme les yeux. Visualise tout ce qui l’entoure. Visualise la corde de son arc, bandée comme les muscles de son dos nu. Visualise l’arbre, ancré dans le sol, à l’image de ses jambes à moitié recouvertes d’une jupe noire. Il ouvre les yeux, pointe le ciel, et libère la corde en expirant. La flèche s’envole en sifflant, transperce les nuages et disparaît. Mais rien n’est terminé. Il ne doit surtout pas relâcher sa concentration sur la trajectoire de la flèche. Un instant. Un tintement retentit. Annko sourit. La flèche a transpercé la poupée, libérant les quelques grelots qu’elle contenait. Annko pose son arc sur son épaule, et s’avance. La route est longue jusqu’au vieux chêne. Il traverse les champs de blé, océan d’or sous un soleil brûlant. Ici et là, des épouvantails tentent vainement d’effrayer les corbeaux, avides de céréales. Le marcheur s’approche d’un plant, et saisit quelques graines. Il en lance une en l’air, sans s’arrêter de marcher. Elle n’a même pas le temps d’amorcer sa descente qu’une nuée d’oiseaux noirs l’a emportée. Annko sourit encore. Des oiseaux... Il a toujours été passionné par ces animaux. La précision du faucon qui, semblable à un carreau d’arbalète, vient planter ses serres dans sa proie. Il lance deux nouvelles graines, de nouveau avalées en vol. Puis, il en tend une troisième, qu’il tient du bout de ses doigts. Instantanément, un corbeau plus courageux que les autres vient la chercher, lui arrachant un morceau de chair du même coup. Le jeune homme grimace, mais continue de marcher. Lentement, il met deux graines sur sa tête, et ferme les yeux. Dans un battement d’ailes précipité, le même corbeau saisit les fruits avec ses serres, griffant le cuir chevelu. Nouveau rictus. Annko dépose les trois dernières graines sur son épaule nue, et ferme encore les yeux. Rien ne se passe. Lorsqu’il les rouvre, l’oiseau est posé sur épaule, et se lisse les plumes. Les dernières graines ont disparu, mais Annko n’a pas mal. Les serres ne percent pas sa peau, le bec ne déchire pas son corps.
Il traverse enfin la vallée de coquelicots, fleuve de sang empli de vie. Le corbeau quitte son épaule parfois, pour revenir rassasié, une libellule bleu électrique au bec. Le marcheur enlève son gant, et laisse ses mains effleurer les pétales pourpres des coquelicots. D’ici, il peut déjà voir le lac, une immense goutte d’eau dans ce torrent de feu. Il s’approche davantage. Le corbeau s’envole bientôt, retournant auprès des siens.
Le grand chêne est là. Le renard est parti, laissant le ruban rouge autour d’une fine racine. Annko le saisit, l’attache autour de son bras, puis s’assoit, le dos contre le tronc. A ses pieds, deux grelots brillent des derniers feux du soleil couchant. Il lève la tête. Au dessus de lui, la poupée le regarde, une flèche dans le cœur…
Dernière édition par Nere le 10/6/2010, 19:48, édité 5 fois
Re: Feely ou Annko Childhood
"Que c'est beau !
Tu es beaucoup dans la description, ce n'est ni lourd ni pas assez, juste ce qu'il faut pour atteindre le parfait."
Tu es beaucoup dans la description, ce n'est ni lourd ni pas assez, juste ce qu'il faut pour atteindre le parfait."
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