Le panda
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Le panda
Cette nouvelle a été écrite suite à la demande sur Facebook de plusieurs mots qui me seraient obligatoires lors de l'écriture de la nouvelle. A vous de voir si vous voulez les connaître avant ou après votre lecture.
Emilie et Ludovic avaient le regard fixé sur l’énorme panda dormant sur le canapé. L’animal, après avoir réprimé un tic du bras droit, leva mollement les yeux sur eux. Il n’émit qu’un léger grognement, mais cela suffit à Emilie pour lui inspirer un recul de quelques pas. Ludovic se mit à rire.
-Faut pas flipper, enfin !
Lui restait impassible, sans la moindre once de peur. Emilie le regarda droit dans les yeux, comme pour savoir si elle pouvait lui faire confiance.
-Tu es sûr que…
-Essaye de le caresser, l’interrompit Ludovic.
Emilie s’arma de courage, et s’approcha à nouveau du panda. Celui-ci finit de s’étirer lascivement, puis se redressa sur ces quatre pattes, mi-méfiant, mi-curieux. Il laissa la main d’Emilie s’approcher de son visage et la renifla. Comme il n’eut aucune réaction particulière, Emilie eut quelques secondes d’hésitation, puis se résolut à passer sa main sur l’animal. Alors, comme s’il n’y avait jamais rien eu, Emilie traversa le corps du panda, sa main ne rencontrant que du vide. Elle la ramena à elle, rassurée.
-C’est vraiment impressionnant, c’est la première que j’en vois un de si près. Il a un nom ?
-Baloo. Ca vient d’un vieux film, un truc que mon père regardait quand il était môme alors que ça avait déjà cinquante ans. Mon Baloo ne chante pas, mais il me rappelle souvent que la vie est faite de petits trucs simples qui rendent heureux. En parlant de ça, tu veux quelque chose à boire ?
-Non merci.
-OK. Mais perso, je vais aller me prendre un verre. Installe-toi, je reviens.
Ludovic se dirigea vers la cuisine tandis qu’Emilie s’asseyait à côté de l’hologramme. Celui-ci, encore endormi à moitié, baragouina quelque chose qui ne permit pas à Emilie de comprendre si elle était la bienvenue ou en trop dans cet appartement. Elle approcha de nouveau sa main, et fit comme si elle le caressait, même si elle ne brassait de l’air. Le panda se prêta au jeu, et se frotta avec tendresse à la main d’Emilie. Elle la retira brusquement lorsque Ludovic revint.
-Eh, pas de souci, il est fait pour ça. Moi aussi ça m’arrive de faire mine de le caresser de temps en temps. Ca détend.
-Qu’est-ce que tu as pris ? Tu ne bois pas d’alcool ?
-Pas ce soir. J’ai envie d’avoir l’esprit clair aujourd’hui, et crois-moi, ça m’arrive pas souvent.
Ludovic s’assit sur le peu de place qu’il restait sur le canapé, et se servit du jus d’ananas. Il redemanda à Emilie si elle en voulait, ce qu’elle refusa à nouveau poliment. S’ensuivit un petit moment de silence.
-Excuse-moi, bredouilla Ludovic, je… je ne suis pas très doué pour faire la conversation.
-On est deux, rit Emilie. Allez, j’essaye : pourquoi un panda ?
-Oh ça, ça va te faire rire. Figure-toi que son processeur holographique principal date d’il y a au moins vingt ans. Avant d’avoir un panda, j’avais un paon magnifique, aux couleurs éclatantes. Et puis un jour, le système s’est détraqué, et il s’est mis à n’afficher les animaux qu’en noir et blanc. Comme je n’avais plus trop de choix, j’ai pris un panda, pour ne pas voir le bug.
Emilie éclata de rire.
-Et tu n’as pu le réparer ?
-Tu rigoles, ça coûte une blinde. Avec mon salaire de garagiste de merde, j’avais pas envie de mettre mon fric là-dedans. Et puis, ça me va très bien, un panda. Hein, Baloo ?
Le panda sembla le comprendre, et émit un petit grognement.
-Et toi, tu fais quoi ?
-Crois-moi ou pas, je suis danseuse.
-Sérieusement ? Mais genre quoi, dans les clips ?
-Non non, surtout pas. Ca, je trouve ça limite vulgaire. J’ai fait de la danse classique toute mon enfance, je me suis un peu essayé à la moderne, puis je suis finalement revenue à la classique.
-Avec le tutu, les pantoufles et tout le tsoin-tsouin ?
-Pas des pantoufles, des chaussons ! T’imagines si on dansait avec des pantoufles ? On n’aurait pas fini de se casser la gueule !
-Tu pourrais danser là ?
-Où ça ? Dans le salon ?
-Ben ouais ! J’en ai jamais vu moi, de la danse en tutu, je connais que l’electrotrunk !
-Je sais pas si je vais oser… là, sans musique…
-Allez, pour moi ! Fais-le pour moi, s’il te plaît !
Emilie poussa un soupir, jeta un regard dubitatif puis amusé à Ludovic, et se leva.
-Interdiction de te moquer.
N’importe qui aurait pu deviner que les premiers pas qu’elle fit étaient d’une banalité sans intérêt pour quiconque connaissait un peu la danse. Mais rien que ça, bon sang ce que c’était beau. On aurait soudain dit qu’Emilie était envahie par quelque chose, une grâce et une élégance à laquelle Ludovic ne trouvait aucun comparatif. Souriante, lui jetant parfois quelques regards, elle s’emporta dans cette chorégraphie improvisée. Ludovic était fasciné par la beauté de chacun de ses gestes. Non pas que le salon ait disparu de sa vision, mais chaque objet semblait soudain destiné à magnifier Emilie. Il aurait pu rester là à l’admirer éternellement si elle ne s’était pas arrêtée soudainement en toussant. Il se leva immédiatement pour lui demander si ça allait, mais il n’eut même pas le temps de s’approcher qu’elle gémit d’une voix terriblement grave :
-Ludo-do-do-nom de l’utilisa-teu-teur.
Et disparue du salon. Comme si elle n’avait jamais existé. Ludovic ne comprit pas tout de suite ce qui se passait, non pas parce que cela le dépassait, mais parce qu’il refusait de l’accepter. Il finit par se ruer vers le petit réduit derrière la salle de bain, où se trouvait le processeur principal.
-Votre période d’essai est terminée, dit la machine. Veuillez insérer le code d’activation.
D'un geste fou, il tira le processeur à lui en arrachant les câbles électriques.
-Et avec quoi je l’achète mon code, enculé ?! Où je le trouve l’argent, hein !?
Il le jeta au sol, brisant l’appareil dans un bruit qui ressemblait plus à un cri qu’au fracas d’une machine. Il tourna la tête vers le processeur principal du modèle animal, qui, lui, semblait fonctionner encore normalement. Il s’en approcha, mais fit brusquement demi-tour et revint vers le salon.
Le panda le regardait avec un air si chagriné qu’on en aurait oublié que c’était un animal. Ludovic lui passa une main au travers, une fausse caresse qui ne tentait même pas de faire le contour de son corps. Puis il s’assit sur le canapé, et pleura.
- Spoiler:
- Ananas
Pantoufle
Hologramme
Panda
Danseuse
Emilie et Ludovic avaient le regard fixé sur l’énorme panda dormant sur le canapé. L’animal, après avoir réprimé un tic du bras droit, leva mollement les yeux sur eux. Il n’émit qu’un léger grognement, mais cela suffit à Emilie pour lui inspirer un recul de quelques pas. Ludovic se mit à rire.
-Faut pas flipper, enfin !
Lui restait impassible, sans la moindre once de peur. Emilie le regarda droit dans les yeux, comme pour savoir si elle pouvait lui faire confiance.
-Tu es sûr que…
-Essaye de le caresser, l’interrompit Ludovic.
Emilie s’arma de courage, et s’approcha à nouveau du panda. Celui-ci finit de s’étirer lascivement, puis se redressa sur ces quatre pattes, mi-méfiant, mi-curieux. Il laissa la main d’Emilie s’approcher de son visage et la renifla. Comme il n’eut aucune réaction particulière, Emilie eut quelques secondes d’hésitation, puis se résolut à passer sa main sur l’animal. Alors, comme s’il n’y avait jamais rien eu, Emilie traversa le corps du panda, sa main ne rencontrant que du vide. Elle la ramena à elle, rassurée.
-C’est vraiment impressionnant, c’est la première que j’en vois un de si près. Il a un nom ?
-Baloo. Ca vient d’un vieux film, un truc que mon père regardait quand il était môme alors que ça avait déjà cinquante ans. Mon Baloo ne chante pas, mais il me rappelle souvent que la vie est faite de petits trucs simples qui rendent heureux. En parlant de ça, tu veux quelque chose à boire ?
-Non merci.
-OK. Mais perso, je vais aller me prendre un verre. Installe-toi, je reviens.
Ludovic se dirigea vers la cuisine tandis qu’Emilie s’asseyait à côté de l’hologramme. Celui-ci, encore endormi à moitié, baragouina quelque chose qui ne permit pas à Emilie de comprendre si elle était la bienvenue ou en trop dans cet appartement. Elle approcha de nouveau sa main, et fit comme si elle le caressait, même si elle ne brassait de l’air. Le panda se prêta au jeu, et se frotta avec tendresse à la main d’Emilie. Elle la retira brusquement lorsque Ludovic revint.
-Eh, pas de souci, il est fait pour ça. Moi aussi ça m’arrive de faire mine de le caresser de temps en temps. Ca détend.
-Qu’est-ce que tu as pris ? Tu ne bois pas d’alcool ?
-Pas ce soir. J’ai envie d’avoir l’esprit clair aujourd’hui, et crois-moi, ça m’arrive pas souvent.
Ludovic s’assit sur le peu de place qu’il restait sur le canapé, et se servit du jus d’ananas. Il redemanda à Emilie si elle en voulait, ce qu’elle refusa à nouveau poliment. S’ensuivit un petit moment de silence.
-Excuse-moi, bredouilla Ludovic, je… je ne suis pas très doué pour faire la conversation.
-On est deux, rit Emilie. Allez, j’essaye : pourquoi un panda ?
-Oh ça, ça va te faire rire. Figure-toi que son processeur holographique principal date d’il y a au moins vingt ans. Avant d’avoir un panda, j’avais un paon magnifique, aux couleurs éclatantes. Et puis un jour, le système s’est détraqué, et il s’est mis à n’afficher les animaux qu’en noir et blanc. Comme je n’avais plus trop de choix, j’ai pris un panda, pour ne pas voir le bug.
Emilie éclata de rire.
-Et tu n’as pu le réparer ?
-Tu rigoles, ça coûte une blinde. Avec mon salaire de garagiste de merde, j’avais pas envie de mettre mon fric là-dedans. Et puis, ça me va très bien, un panda. Hein, Baloo ?
Le panda sembla le comprendre, et émit un petit grognement.
-Et toi, tu fais quoi ?
-Crois-moi ou pas, je suis danseuse.
-Sérieusement ? Mais genre quoi, dans les clips ?
-Non non, surtout pas. Ca, je trouve ça limite vulgaire. J’ai fait de la danse classique toute mon enfance, je me suis un peu essayé à la moderne, puis je suis finalement revenue à la classique.
-Avec le tutu, les pantoufles et tout le tsoin-tsouin ?
-Pas des pantoufles, des chaussons ! T’imagines si on dansait avec des pantoufles ? On n’aurait pas fini de se casser la gueule !
-Tu pourrais danser là ?
-Où ça ? Dans le salon ?
-Ben ouais ! J’en ai jamais vu moi, de la danse en tutu, je connais que l’electrotrunk !
-Je sais pas si je vais oser… là, sans musique…
-Allez, pour moi ! Fais-le pour moi, s’il te plaît !
Emilie poussa un soupir, jeta un regard dubitatif puis amusé à Ludovic, et se leva.
-Interdiction de te moquer.
N’importe qui aurait pu deviner que les premiers pas qu’elle fit étaient d’une banalité sans intérêt pour quiconque connaissait un peu la danse. Mais rien que ça, bon sang ce que c’était beau. On aurait soudain dit qu’Emilie était envahie par quelque chose, une grâce et une élégance à laquelle Ludovic ne trouvait aucun comparatif. Souriante, lui jetant parfois quelques regards, elle s’emporta dans cette chorégraphie improvisée. Ludovic était fasciné par la beauté de chacun de ses gestes. Non pas que le salon ait disparu de sa vision, mais chaque objet semblait soudain destiné à magnifier Emilie. Il aurait pu rester là à l’admirer éternellement si elle ne s’était pas arrêtée soudainement en toussant. Il se leva immédiatement pour lui demander si ça allait, mais il n’eut même pas le temps de s’approcher qu’elle gémit d’une voix terriblement grave :
-Ludo-do-do-nom de l’utilisa-teu-teur.
Et disparue du salon. Comme si elle n’avait jamais existé. Ludovic ne comprit pas tout de suite ce qui se passait, non pas parce que cela le dépassait, mais parce qu’il refusait de l’accepter. Il finit par se ruer vers le petit réduit derrière la salle de bain, où se trouvait le processeur principal.
-Votre période d’essai est terminée, dit la machine. Veuillez insérer le code d’activation.
D'un geste fou, il tira le processeur à lui en arrachant les câbles électriques.
-Et avec quoi je l’achète mon code, enculé ?! Où je le trouve l’argent, hein !?
Il le jeta au sol, brisant l’appareil dans un bruit qui ressemblait plus à un cri qu’au fracas d’une machine. Il tourna la tête vers le processeur principal du modèle animal, qui, lui, semblait fonctionner encore normalement. Il s’en approcha, mais fit brusquement demi-tour et revint vers le salon.
Le panda le regardait avec un air si chagriné qu’on en aurait oublié que c’était un animal. Ludovic lui passa une main au travers, une fausse caresse qui ne tentait même pas de faire le contour de son corps. Puis il s’assit sur le canapé, et pleura.
Re: Le panda
J'ai été très surpris par la fin (comme prévu je suppose) ce qui donne tout son sens au reste du texte. Fin qui soulève de nombreuses questions, avec foule d'hypothèses pour y répondre.
J'avais trouvé
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- Spoiler:
- Panda, hologramme et je me doutait qu'il y en avais un a propos de la danse mais je ne voyais pas lequel
Aryko- Modérateur des Artistes
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