Voir le Jour se Lever / Chef d'O
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Voir le Jour se Lever / Chef d'O
Voir le Jour se Lever
« Puisqu’on
ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les
voiles » Jean
DEAN
A ma Mamie sans qui je n'aurai pas découvert les plaisirs de
l'écriture et aux opprimés qui comme Mathias luttent pour choisir leur vie...
Des caquètements, des bruits de bagarre. J’ouvris les yeux. Ah ! C’était le soir, plus précisément la tombée de la nuit. Aballea devait sûrement être en train de nourrir les poules. La cave était plongée dans l’obscurité. Le Soleil se couchait.Ce Soleil que je n’avais pas vu depuis des années, enfermé dans ce lieu obscur. Joffre et les autres, mes geôliers, une bande de malfrats naufrageurs, ne me laissaient sortir que de nuit pour les aider à piller des navires échoués. Ils m’avaient pris à leur service depuis six ans, après m’avoir retrouvé encore vivant dans une épave victime de leur forfait, pleurant auprès des corps de mes deux parents, dépouilles funestes annonçant un futur qui n’avait rien d’heureux.
Je me levai. Aballea, la pauvre fille de ce Joffre, à qui elle ne ressemblait heureusement en rien, n’allait pas tarder à apporter mon dîner. Sûrement encore une de ces bouillies répugnantes que ces naufrageurs m’imposaient !
En effet, j’entendis peu après, alors que je finissais de m’habiller, un faible grattement à la porte. Quelqu’un frappait. J’ouvris et vis alors la silhouette de mon amie, éclairée par une lanterne qu’elle tenait à la main. Elle entra en souriant et me tendit un plateau. L’inhabituel fumet qu’il dégageait aujourd’hui me fit froncer les sourcils d'étonnement:
- Tiens, Joffre a décidé de changer mon régime ? Dis-je à Aballea.
- Oui mais il y a une raison : ce soir, il s’apprête à faire s’échouer un galion qui passera au large. C'est une grosse affaire et qui n'est pas sans risques, aussi veut-il que tu sois fort pour les aider. Il a donc décidé de changer ta bouillie quotidienne pour un repas plus consistant, es-tu content ? Me demanda-t-elle avec un sourire.
- Bien sûr que non ! Lui répondis-je brusquement, tu sais bien que je déteste ce qu’il me fait faire !
Au cours de ces cinq années de réclusion, chaque soir, alors qu’elle m’apportait mon repas, nous discutions. Aballea m’aurait bien aidé à m’enfuir mais elle avait trop peur des représailles que lui infligeraient les bandits..
- Au fait, reprit-elle, j’ai entendu Penven et mon père discuter, ils songent à te demander quelque chose…
- Elle marqua un temps, de peur de m’annoncer la nouvelle.
- Et ? La pressai-je.
- Et ils aimeraient que tu te joignes à eux mais cette fois-ci en tant qu’associé, dit-elle en murmurant, comme terrassée par la nouvelle qu'elle m'annonçait. Je crus même la voir trembler dans la faible lueur que projetait la lanterne. Elle reprit : Ils disent même que si tu refusais tu y perdrais la vie !
Elle tomba à genoux, me saisissant les jambes, et me supplia :
- Enfuis-toi ! N’accepte pas, tu vaux mieux qu’eux. Tu m’as dit que tu détestais être naufrageur, si tu dis oui à cette proposition, ton avenir sera scellé et obscur, celui d’un criminel pour toujours... sa voix s’étrangla en un sanglot.
- Je suis piégé. Si je m’enfuis, ils me poursuivront jusqu’à la fin de mes jours, je serai sans cesse en cavale, et puis ils risqueraient de te faire du mal pour me forcer à revenir. Ah les chiens ! Ils ont des comparses partout ! Si j’accepte, ce sera comme un sursis, j’aviserai plus tard !
- Non, me souffla-t-elle, ils ne mettront pas pour autant en toi toute leur confiance, ils te surveilleront toujours de près. Tu devras justifier toutes tes actions, tu ne pourras pas sortir…
Elle se mit à pleurer. Je lui dis d’une voix qui se voulait douce mais qui pourtant tremblait de peur :
- Ecoute, laisse moi réfléchir, je verrai le moment venu ! Sache que si je fuis, nous ne nous verrons plus ! Il vaut mieux que ce soit ainsi : que nous ne nous voyons plus mais que tu puisses vivre comme tu l'entends, maintenant adieu !
Elle se retira en sanglotant. Elle voulait que je fuis ce soir. Je me mis à manger la viande et le bout de far qu’elle m’avait apporté tout en songeant aux malheurs de cette vie. Après avoir fini le dîner, je m’assis en face de la petite lucarne qui laissait passer une lueur pâle. Ce devait être une belle nuit de pleine Lune. J'imaginais les landes éclairées faiblement, laissant au voyageur attardé le soin de se figurer la magnificence de ce paysage en plein jour.
J’entendis des pas. Le terrible cauchemar des naufrages allait bientôt recommencer. Joffre lança un juron, il avait encore dû se cogner au plafond à cause de sa carrure de géant. Il ouvrit ma pauvre petite porte basse qui gémit en allant heurter le mur avec violence. En me voyant assis, il me cria de sa voix bourrue :
- Allez, bouge-toi de là ! Gros fainéant, ce soir, on a du gros, alors ne reste pas ainsi à traîner. Dépêche-toi incapable !
Alors que je passai devant lui, il me frappa à la tête en beuglant d’impatience :
- Ma Doué , mais quel empoté !
Les larmes me montèrent aux yeux. « Un peu de courage » pensai-je. Une fois remonté, je vis Penven les yeux braqués dans la direction de la mer, au loin, dans le noir. Il s'imaginait déjà sûrement la silhouette d’un somptueux navire se profiler, tel un vaisseau fantôme surgissant des abysses sous la pâle lueur lunaire. Il m’entendit et se retourna.
- Te voilà enfin ! Siffla-t-il, bien, prends le matériel nécessaire dans le cabanon et reviens. Surtout dépêche-toi !
Comme je détestais ce ton arrogant, cette voix, cette silhouette ! Tout en lui m’insupportait. Et comme je haïssais ce cabanon, empli d’armes et de lanternes, diaboliques, leurre attirant les marins sur les récifs et semant la mort !
Je sortis, l’air frais et iodé de la nuit, agitée par un faible souffle vint me caresser le visage. Comme il était bon d’être à l’air libre, hors de cette maudite cave à l’odeur de renfermé et d’eau croupie ! Je sentais bien que la liberté m’appelait, là-bas, au bout de la nuit. Mais les terres de Joffre étaient entourées par un haut mur, ce gredin était malheureusement prévoyant.
Je pris tout ce dont ils avaient besoin dans le cabanon et allai chercher les quelques vaches qui malheureusement étaient indispensables pour porter les lourdes lanternes. Je revins à la porte. J’appelai alors Penven et Joffre pour les prévenir que nous étions prêts, hélas ! Nous partîmes tout de suite, les deux malfrats m’encadrant pour empêcher une éventuelle tentative de fuite.
Tout en marchant, je me pris à regarder le ciel nocturne, paré de milliers d’étoiles. Il n’y avait aucun nuage. Tous ces astres, loin, si loin de cette détresse dans laquelle j’étais plongé, vivant leurs vies paisibles d’étoiles. Qui sait, peut-être que là-haut quelqu’un me suivait, me regardait et peut-être même me protégeait, mais cela, qui le saura jamais ? La lande était illuminée par une Lune ronde et magnifique. J’apercevais une végétation luxuriante tout autour de nous, baignée de calme et seulement caressée, parfois, par une brise légère et discrète. Tout était tranquille. Au loin, je pouvais deviner un petit village. Son clocher était faiblement éclairé. Peut-être y avait-il une fête ? Comme j’aurais aimé être loin d’ici, avec les miens, dans une maison chaleureuse ! Mais non, la vie en avait décidé autrement. Plus tard, lorsque mon âme rejoindra les étoiles, je reviendrai sûrement ici, me souvenant de ces temps difficiles. Alors que je rêvassais, Joffre qui menait la marche s’arrêta et siffla trois fois. Des hommes aux allures de brigands surgirent de quelques fourrés bordant le chemin : s’étaient des amis chargés de l’aider à débarquer les richesses du galion moyennant une petite part du butin.- Nous voilà tous réunis, murmura Penven, alors en avant !
Nous marchâmes quelques minutes, arrivant aux abords d’une première plage. Quelques hommes quittèrent le groupe et bifurquèrent vers le port pour prendre des barques en renfort. Arrivés en vue d’une falaise surplombant l’abîme et une petite crique, Joffre nous arrêta de nouveau. Des lumières s’agitaient dans l’obscurité, plus loin sur le chemin côtier.
- La milice ! Souffla-t-il, cachez-vous, éteignez les lumières, vite ! Toi, dit-il en désignant un homme à la carrure de géant, va prévenir les autres que nous aurons du retard !
Nous nous cachâmes derrière de hautes herbes sauvages. Cependant, l’un des soldats semblait avoir aperçu un homme de la troupe. Il se dirigea vers nous, suivi de quelques camarades. Ils étaient encore à une trentaine de mètres mais je sentis que nous ne pouvions plus éviter la confrontation. Les naufrageurs sortirent leurs armes mais Joffre ordonna d'un geste sec de la main de les ranger. Les soldats approchaient. J’avais le souffle coupé par la peur, mes jambes étaient paralysées. S’ils nous voyaient, ils n’hésiteraient pas à tirer et la clarté de la Lune était suffisante pour pouvoir viser. Mon cœur s’accéléra. Ils s’approchaient, avançant inexorablement. Le temps semblait s'être arrêté. Tous, autour de moi, commençaient à paniquer, ne comprenant pas pourquoi Joffre s’obstinait à ne pas sortir les armes. Ils se jetaient des regards implorants les uns aux autres, cherchant, dans les yeux des leurs, la certitude qu’ils ne seraient pas débusqués et désarmés. Enfin, Joffre fit un signe, signifiant que le moment était venu pour lancer l'offensive. Des cliquetis se firent entendre, beaucoup trop fort pour ne pas être perçus par les soldats. L’un d’eux cria en braquant son fusil sur un naufrageur qui n'était qu'à moitié dissimulé derrière un amas de ronces. Le coup partit alors que la victime se levait pour s’enfuir. Son corps retomba aussitôt, comme une masse. Des oiseaux, réveillés par le coup de feu, s’envolèrent. Puis, le calme revint, oppressant et lourd. Les miliciens s'étaient mis en position de combattre, dans la certitude à présent que des brigands se cachaient dans les environs. La main de Joffre s’abaissa, annonçant la riposte. Les armes se brandirent, coutelas, pistoles, fusils et carabines. Je me terrai de plus belle. Au cri que poussa Joffre tous se levèrent. Les pauvres soldats n’étaient qu’à trois mètres de nous, une salve partit, des détonations me déchirant les oreilles. Je fermai les yeux d’horreur. Se pouvait-il qu’en un geste de quelques centimètres, par la pression d’un doigt sur une gâchette, une vie s’envole ? Que des années soient ainsi gâchées et tout un avenir anéanti ? Des corps s’affaissèrent, à présent inertes. Des âmes dont je ne connaissais même pas le nom étaient parties à jamais. Les malfrats coururent achever les derniers soldats restés à l’arrière. D’autres détonations, des claquements secs, des cris et puis plus rien, enfin. C’était fini. La Mort avait terminé sa besogne et sa moisson funeste. Quelqu’un derrière moi me saisit. Y avait-il d’autres soldats ? Je tournai la tête, effrayé, et je vis alors la face de Penven, blafarde, la lumière de La Lune lui ajoutant une touche macabre. Il brandissait un fusil. Il me dit :
- Alors le rampant, tu n’as pas eu trop peur ? Avance !
Je me relevai et nous repartîmes en silence, certains en emportant la dépouille d’un compagnon tombé au combat. Tous en voulaient à Joffre de ne pas avoir donné l’ordre de tirer plus tôt.
Nous étions presque arrivés. En effet le chant des vagues se brisant sur les rochers nous parvenait très nettement. Nous gravissions une dune et lorsque nous fûmes à son sommet, le paysage s'ouvrit tout à coup, l’horizon se dégagea, à perte de vue, vers l’autre bout du Monde. La Lune se reflétait dans l’eau, comme se pâmant devant un miroir. La scène était baignée par un calme absolu, laissant à la mer tout le loisir de chanter. Le sable fin diffusait la clarté de l’astre nocturne, illuminant encore un peu plus la plage. Les rochers se détachaient en d’imposantes silhouettes noires et semblaient murmurer des légendes datant de temps révolus. Je vis alors, surgie de derrière un amas de rochers, bercée par les flots, la barque envoyée par les quelques hommes qui avaient quitté le groupe et qui avançait lentement en se positionnant pour l’action à venir. Hélas, ce noble bateau était réduit à n’être qu’un appât, destiné à provoquer la mort et la destruction. Les préparatifs commencèrent. Les hommes allaient à leur poste le long de la plage et de la falaise. J’attachai les grosses lanternes aux cornes des bêtes et en posai d’autres sur des rochers plats ou à même le sol. Puis, j’allai me poster sur l’à-pic surplombant les flots. Des ordres fusaient d’un peu partout. D’autres bateaux, amarrés près de la berge, furent affrétés et s’éloignèrent peu à peu dans le doux clapotis des rames. L’heure du drame approchait et malheureusement j’allai être une nouvelle fois un de ses auteurs.
- Matthias ! Appela Joffre de sa voix bourrue, me tirant de ma rêverie, dépêche-toi d’avancer, tu sais bien que tu dois aller plus loin !
D’un pas traînant, je me décalai de quelques mètres pour le bon plaisir de ce monsieur Joffre. Quelques minutes plus tard, le silence retombait sur la plage. Des chuchotements parfois, puis le retour oppressant de la nuit. Au loin, de temps en temps, le chant d’un oiseau nocturne. Et puis, le murmure de la mer, ce flux et reflux immuable, m’enveloppant à présent tout entier. Mon esprit planait, bercé par cette musique, loin, loin au-dessus de cette misère, de la Mort et de mon avenir funeste. J’oubliai tout, me donnant, m’offrant, corps et âme à la contemplation de cette merveille qu’avait fait la Nature. J’avais besoin de ces moments pour me remonter le moral. C’était bon, et j’en profitai, avant que la violence ne m’envahisse et me submerge.
- Il arrive, le voilà, ça y est !
Que se passait-il ? J’avais dû m’assoupir, bercé par les vagues. Alors que j’ouvrai les yeux, d’abord éblouis par les lanternes, j’aperçus peu à peu, au loin, les lumières éclatantes du vaisseau de ligne, se reflétant sur la surface de la mer et offrant à mes yeux éblouis un véritable feu d’artifice. Mais cette splendeur était condamnée. Avec amertume je braquai le feu des lanternes vers le vaisseau.
Elles étaient lourdes et leurs anses de métal m’écorchaient les mains. Les hommes se taisaient, tendus, inquiets de savoir si l’équipage allait mordre à l’hameçon.
Les secondes passèrent, si longues, si pesantes. En mon for intérieur, je priai pour qu’ils continuent leur route, pour qu’ils puissent vivre et rejoindre un port, perdu dans le lointain. « Continue, murmurai-je, va, ne t’arrête pas, continue ta route… . Mais déjà le navire modifiait son cap. Le capitaine devait confondre les lanternes avec les feux de Brest. Il pensait avoir trouvé des quais et un lieu sûr pour passer la nuit en toute quiétude. Mais tout ce que ces feux allaient lui offrir n’était que récifs, remous et mort. Il était bel et bien tombé dans le piège qui se resserrait. S’en était fini de lui.
Il se dirigeait maintenant vers nous, travers au vent en fendant les flots. Je joignis mes mains et priai Dieu pour qu’il accueille ces matelots. Ils approchaient. Nous entendions maintenant leurs voix, portées par la mer. Nous distinguions même quelques paroles. Puis, un craquement sec, un premier rocher avait éraflé la coque arrachant quelques cris de surprise. Mon Dieu, cela recommençait, ces frissons, cette sensation horrible d’être un meurtrier. Un autre craquement, des hurlements, de terreur cette fois, transpercèrent la nuit, lugubres, déchirant le cœur et l'âme, me pénétrant jusqu’aux os, éclatants de détresse. Mais le bateau continuait toujours sa route, les parois du navire raclant les récifs alentour avec des sons lugubres. Des bruits sourds se firent entendre. Les ordres fusaient sur le pont pour tenter de sortir du guêpier. Puis, perçant une nouvelle fois le voile nocturne, une explosion et un bruit de bois brisé me firent sursauter. La coque avait bel et bien cédé aux chocs contre les récifs, je pus entendre alors un souffle, profond et grave ainsi qu'un bruit de torrent. L’eau s’engouffrait à présent dans la cale du bateau. S’en était fini d’eux et de leurs rêves de voyage. Des gens pleuraient, en proie à la panique la plus totale. Certains sautaient même du ponton et des mâts. Leurs ombres frôlaient les parois du navire comme des fantômes fondant vers l'abîme.
Chaque personne est sur un bateau et veut atteindre un port. Certains y arrivent et d’autres en sont empêchés comme eux, en mourant en chemin. Certains, aussi, ne peuvent choisir leur destination, j’en fais partie. Je suis forcé bien malgré moi de tenir un cap qui m’écœure et m’horrifie. Le navire s’enfonçait dans l’abîme dans une suite d'explosions et de craquements. Les barques s’approchaient comme de petits charognards devant une pauvre bête sans défense. Certains pilleurs arrimaient le bateau afin de l'échouer sur la plage. Et toujours, toujours ces hurlements, Les survivants étaient encore nombreux, perdus, affolés, tentant toujours de sauver leurs vies. Certains essayaient même de s’agripper aux barques, pensant que c’était du secours. Mais les malfrats, ces meurtriers sans coeur, les repoussaient, leurs assénaient des coups de rames avec des rires sadiques. Je fermai les yeux et me bouchai les oreilles. Quel tableau d’horreur éclairé par la Lune et par les lumières crues des lanternes restées allumées ! Comment l’Homme qui se considère au-dessus de tout, pouvait en arriver à de tels actes de barbarie ? Aucun être sur terre, à part lui, ne tue pour de simples objets, fruits de son imagination. Oui, c’est cela : l’Homme devait trop penser…
Certains des pauvres naufragés tentaient vainement de rejoindre la plage en nageant. L'un d'eux était sur le point de réussir mais alors qu'il se relevait, il fut abattu sans pitié. Une idée me traversa alors l'esprit, s’en était trop. Aballea avait raison finalement il fallait fuir ! Non, non, ils me surveillaient, ils me tueraient s’ils m’apercevaient. Oui, mais je ne pouvais plus subir ces nuits de Mort. Je me mis à ramper lentement vers une dune derrière laquelle je pourrai me cacher puis m'échapper. Mon coeur tambourinait, je n'avais pas le droit à l'erreur. Le silence de la nuit avait enfin retrouvé ses droits mais le fracas du naufrage emplissait encore ma tête. Les hommes parlaient maintenant en rigolant, satisfaits de leur butin. Seulement quelques cris, encore, perçaient le voile de la nuit. Je me retournai pour voir si quelqu’un me regardait. Ils étaient tous en train de s’affairer autour de l’épave. Je me mis à courir. Un nuage passa devant l’astre Nocturne, plongeant ainsi dans le noir la partie de la dune que je traversai, sauvé ! Je courus de plus belle. Je me pris les pieds dans un tas de goémons et trébuchai. Couché au sol et étourdi par ma chute, je restai allongé en attendant de voir si quelqu’un m’avait remarqué, mais rien. La Lune reparut, inondant une nouvelle fois la plage de sa clarté, hélas. Je vis une silhouette regardant dans ma direction. Bang ! Un claquement sec de carabine. La balle vint se ficher dans le sable à mes pieds. La voix aigre de Penven retentit :
- Alors ? On veut nous fausser compagnie ? T’en va pas comme ça, on va avoir besoin de toi !
Tremblant, je rebroussai chemin. La silhouette macabre de Penven m’attendait. Alors que je passais devant lui, il me frappa derrière la tête avec la crosse de son fusil. Le sang me monta à la tête, les larmes aussi, alors que je tombai à terre. Je ne pleurai pas de douleur, je ne m’en souciai plus, elle allait bien passer, mais de tristesse et de rage. Je serrai les poings et essuyant mes yeux et mes joues, je redressai la tête et bombai le torse en me relevant. Non, je n’allai pas en rester là, il verrait bien, un jour ! Penven ricana :
- Tu fais le fier maintenant ! Allez, va ! Viens décharger le bateau avec nous, je parlerai de ta tentative d’escapade à Joffre tout à l’heure !
Quelques malfrats partirent, déjà chargés de richesses. Les matelots sortirent des barques et affalèrent les voiles. La plage s’était transformée en fourmilière. La carcasse du navire devenue un frêle squelette, avait perdu sa fierté d’autrefois. Le cauchemar disparut lentement mais, comme à chaque fois, laissa une marque dans mon esprit, une gravure d’effroi. Comment pouvait-on tuer pour de simples biens matériels ? Une heure à peine s’était écoulée depuis le naufrage. Alors que je vidai le contenu d’un coffret dans un sac de toile, Joffre marcha vers moi. Il me gifla avec une telle violence que je tombai sur le sol. Il continua de me frapper avec ses pieds, martelant mon pauvre corps de tous les côtés. Il me saisit alors par les cheveux et me releva. Je grimaçai de douleur en sanglotant, doucement. Il m’envoya rouler dans le sable. Je me recroquevillai en boule en me préparant à la prochaine salve de coups. Il me hurla alors :
- Alors comme ça on veut fuir ? Immonde petit bâtard ! As-tu au moins réfléchi à ce que tu faisais ? Non, tu en es bien incapable, gast ! Je ne sais pas ce qui me retient de te tuer, traître ! Tu allais nous dénoncer, hein ? Tu ne comprendras donc jamais que tu es à notre service et que tu n’as pas le choix ? Prends ça ! Dit-il en me frappant à nouveau, et que ça te serve de leçon, esclave !
Il éclata d’un grand rire, fier de sa tirade. Je tentai de m’éloigner, difficilement à cause de mes blessures. Un rocher m’offrit un rempart. Joffre, en voyant que je tentai de me cacher, ricana de plus belle :
- Tu crois que ce rocher va t’aider ? Tu vas voir- tiens !
Il courut vers moi, en proie à un nouvel accès de colère. Il me saisit aux chevilles. Je me mis à hurler de douleur et de peur. De quel droit me traitait-il ainsi ? Il me souleva à moitié de terre et me traîna sur quelques mètres, je l’entendis patauger dans l’eau. Mon Dieu, il allait me noyer ! En effet, il me jeta dans la mer qui me glaça. Le sel vint brûler mes multiples blessures, je crus mourir. Quelle torture ! Mon cœur s’affola et très vite je manquai d’air. Je fus pris de convulsions. Mes poumons, par à-coups, tentaient de trouver de quoi respirer, en vain. Je sentis ma tête exploser, il fallait qu’il cesse.
Je me débattis mais la poigne de Joffre était bien trop forte. A quoi bon lutter ? En fin de compte, ce monde n’avait rien à m’offrir. Mon bateau allait donc s’arrêter là, sur un rivage de souffrance… Mais ma tête sortit brusquement de l’eau. Je respirai ! J’entendis la voix de Penven, en haut de la plage, qui criait :
- Joffre, une nouvelle patrouille, dépêche--toi !
- Oui, j’arrive, grommela-t-il puis il me souffla : plus tard, Mathias, ne t’inquiètes pas, ce sera pour plus tard !
Je parvins à me relever après un petit instant. En titubant, je pris les sacs et me mis à marcher, puis à trottiner, encore essoufflé. La Mort n’était pas passé loin ! La plage fut vite désertée et les derniers naufrageurs couraient à présent vers leurs logis respectifs, heureux de leur recette mais aussi inquiets de se faire attraper par la milice. Joffre et Penven me précédaient, mais je n’osais fuir, ils me rattraperaient et me tueraient pour de bon, cette fois. Mes blessures me faisaient mal. Le sel s’était incrusté et continuait de me brûler. Je notai que quelques étoiles avaient disparu. Encore quelques minutes, une heure tout au plus, et le Soleil reprendrait ses quartiers. Comme je souhaitais le revoir ! Depuis des années je n’apercevais que quelques-uns des ses rayons, au crépuscule, après avoir dormi tout le jour. Avait-il changé ? Était-il toujours aussi brillant, illuminant l’espace ? Il teintait l’horizon d’ocre à présent. Il devait être proche, si proche ! Comme je souhaitais le revoir, le laisser éblouir mon visage, d’une pâleur mortuaire, me baigner de sa tiédeur, la sentir m’envahir tout entier ! Il fallait que je trouve quelque chose pour nous ralentir. A cet instant même ma cheville me lâcha. Je m’écroulai abandonnant mon attirail. Penven et Joffre se retournèrent en sursautant. Ce dernier me dit en me saisissant :
- Quelle plaie ce gosse ! Arrête de faire les fillettes et lève--toi !
- Je ne peux pas- tu m’as cassé la jambe, dis-je alors qu’il me traînait
Il me gifla. Je me relevai avec peine. Penven me tendit un bâton en me toisant d’un air mauvais. A l'instant où nous reprenions notre marche, je l’entendis chuchoter à Joffre :
- Il devient encombrant, s’il ne peut plus marcher, autant s’en débarrasser !
Je serrai les poings. Nous étions entre la nuit et l’aube, au moment où les couleurs, lentement, redonnent vie à la nature, chassant le gris nocturne. Les nuages rougeoyaient. Le Soleil allait se lever, si proche. Il ne fallait pas laisser passer cette occasion. Mais déjà nous rentrions sur les terres de Joffre. « Pitié mon Dieu, pitié, implorai-je laissez moi voir le Soleil ! » Plus qu’une dizaine de mètres et nous étions de retour. J’avançai le plus lentement possible. Encore quelques secondes. Joffre ouvrit la porte. Ralentis ! Ralentis ! Il me tira à l’intérieur. Trop tard ! Je restai debout, vide. Joffre me poussa jusqu’à la cave. Je m’assis sur le lit. Le soleil était si proche ! Ses rayons pénétraient dans la cave à présent mais étaient happés par la poussière et la crasse. Ce matin, je me fis une promesse. En me regardant dans le bac d'eau qui me servait pour boire et pour me laver, je vis mon visage déformé par les coups que m’avait porté Joffre : il n’y avait que des boursouflures et des hématomes, j’avais la bouche en sang, le corps irradié de douleur. Je serrais les poings. Je n’en pouvais plus de cette vie j’en avais plus qu’assez ! Oui, j’allais revoir le Soleil, j’allais respirer un jour un air pur de liberté, et le plus tôt était le mieux !
En effet, j’entendis peu après, alors que je finissais de m’habiller, un faible grattement à la porte. Quelqu’un frappait. J’ouvris et vis alors la silhouette de mon amie, éclairée par une lanterne qu’elle tenait à la main. Elle entra en souriant et me tendit un plateau. L’inhabituel fumet qu’il dégageait aujourd’hui me fit froncer les sourcils d'étonnement:
- Tiens, Joffre a décidé de changer mon régime ? Dis-je à Aballea.
- Oui mais il y a une raison : ce soir, il s’apprête à faire s’échouer un galion qui passera au large. C'est une grosse affaire et qui n'est pas sans risques, aussi veut-il que tu sois fort pour les aider. Il a donc décidé de changer ta bouillie quotidienne pour un repas plus consistant, es-tu content ? Me demanda-t-elle avec un sourire.
- Bien sûr que non ! Lui répondis-je brusquement, tu sais bien que je déteste ce qu’il me fait faire !
Au cours de ces cinq années de réclusion, chaque soir, alors qu’elle m’apportait mon repas, nous discutions. Aballea m’aurait bien aidé à m’enfuir mais elle avait trop peur des représailles que lui infligeraient les bandits..
- Au fait, reprit-elle, j’ai entendu Penven et mon père discuter, ils songent à te demander quelque chose…
- Elle marqua un temps, de peur de m’annoncer la nouvelle.
- Et ? La pressai-je.
- Et ils aimeraient que tu te joignes à eux mais cette fois-ci en tant qu’associé, dit-elle en murmurant, comme terrassée par la nouvelle qu'elle m'annonçait. Je crus même la voir trembler dans la faible lueur que projetait la lanterne. Elle reprit : Ils disent même que si tu refusais tu y perdrais la vie !
Elle tomba à genoux, me saisissant les jambes, et me supplia :
- Enfuis-toi ! N’accepte pas, tu vaux mieux qu’eux. Tu m’as dit que tu détestais être naufrageur, si tu dis oui à cette proposition, ton avenir sera scellé et obscur, celui d’un criminel pour toujours... sa voix s’étrangla en un sanglot.
- Je suis piégé. Si je m’enfuis, ils me poursuivront jusqu’à la fin de mes jours, je serai sans cesse en cavale, et puis ils risqueraient de te faire du mal pour me forcer à revenir. Ah les chiens ! Ils ont des comparses partout ! Si j’accepte, ce sera comme un sursis, j’aviserai plus tard !
- Non, me souffla-t-elle, ils ne mettront pas pour autant en toi toute leur confiance, ils te surveilleront toujours de près. Tu devras justifier toutes tes actions, tu ne pourras pas sortir…
Elle se mit à pleurer. Je lui dis d’une voix qui se voulait douce mais qui pourtant tremblait de peur :
- Ecoute, laisse moi réfléchir, je verrai le moment venu ! Sache que si je fuis, nous ne nous verrons plus ! Il vaut mieux que ce soit ainsi : que nous ne nous voyons plus mais que tu puisses vivre comme tu l'entends, maintenant adieu !
Elle se retira en sanglotant. Elle voulait que je fuis ce soir. Je me mis à manger la viande et le bout de far qu’elle m’avait apporté tout en songeant aux malheurs de cette vie. Après avoir fini le dîner, je m’assis en face de la petite lucarne qui laissait passer une lueur pâle. Ce devait être une belle nuit de pleine Lune. J'imaginais les landes éclairées faiblement, laissant au voyageur attardé le soin de se figurer la magnificence de ce paysage en plein jour.
J’entendis des pas. Le terrible cauchemar des naufrages allait bientôt recommencer. Joffre lança un juron, il avait encore dû se cogner au plafond à cause de sa carrure de géant. Il ouvrit ma pauvre petite porte basse qui gémit en allant heurter le mur avec violence. En me voyant assis, il me cria de sa voix bourrue :
- Allez, bouge-toi de là ! Gros fainéant, ce soir, on a du gros, alors ne reste pas ainsi à traîner. Dépêche-toi incapable !
Alors que je passai devant lui, il me frappa à la tête en beuglant d’impatience :
- Ma Doué , mais quel empoté !
Les larmes me montèrent aux yeux. « Un peu de courage » pensai-je. Une fois remonté, je vis Penven les yeux braqués dans la direction de la mer, au loin, dans le noir. Il s'imaginait déjà sûrement la silhouette d’un somptueux navire se profiler, tel un vaisseau fantôme surgissant des abysses sous la pâle lueur lunaire. Il m’entendit et se retourna.
- Te voilà enfin ! Siffla-t-il, bien, prends le matériel nécessaire dans le cabanon et reviens. Surtout dépêche-toi !
Comme je détestais ce ton arrogant, cette voix, cette silhouette ! Tout en lui m’insupportait. Et comme je haïssais ce cabanon, empli d’armes et de lanternes, diaboliques, leurre attirant les marins sur les récifs et semant la mort !
Je sortis, l’air frais et iodé de la nuit, agitée par un faible souffle vint me caresser le visage. Comme il était bon d’être à l’air libre, hors de cette maudite cave à l’odeur de renfermé et d’eau croupie ! Je sentais bien que la liberté m’appelait, là-bas, au bout de la nuit. Mais les terres de Joffre étaient entourées par un haut mur, ce gredin était malheureusement prévoyant.
Je pris tout ce dont ils avaient besoin dans le cabanon et allai chercher les quelques vaches qui malheureusement étaient indispensables pour porter les lourdes lanternes. Je revins à la porte. J’appelai alors Penven et Joffre pour les prévenir que nous étions prêts, hélas ! Nous partîmes tout de suite, les deux malfrats m’encadrant pour empêcher une éventuelle tentative de fuite.
Tout en marchant, je me pris à regarder le ciel nocturne, paré de milliers d’étoiles. Il n’y avait aucun nuage. Tous ces astres, loin, si loin de cette détresse dans laquelle j’étais plongé, vivant leurs vies paisibles d’étoiles. Qui sait, peut-être que là-haut quelqu’un me suivait, me regardait et peut-être même me protégeait, mais cela, qui le saura jamais ? La lande était illuminée par une Lune ronde et magnifique. J’apercevais une végétation luxuriante tout autour de nous, baignée de calme et seulement caressée, parfois, par une brise légère et discrète. Tout était tranquille. Au loin, je pouvais deviner un petit village. Son clocher était faiblement éclairé. Peut-être y avait-il une fête ? Comme j’aurais aimé être loin d’ici, avec les miens, dans une maison chaleureuse ! Mais non, la vie en avait décidé autrement. Plus tard, lorsque mon âme rejoindra les étoiles, je reviendrai sûrement ici, me souvenant de ces temps difficiles. Alors que je rêvassais, Joffre qui menait la marche s’arrêta et siffla trois fois. Des hommes aux allures de brigands surgirent de quelques fourrés bordant le chemin : s’étaient des amis chargés de l’aider à débarquer les richesses du galion moyennant une petite part du butin.- Nous voilà tous réunis, murmura Penven, alors en avant !
Nous marchâmes quelques minutes, arrivant aux abords d’une première plage. Quelques hommes quittèrent le groupe et bifurquèrent vers le port pour prendre des barques en renfort. Arrivés en vue d’une falaise surplombant l’abîme et une petite crique, Joffre nous arrêta de nouveau. Des lumières s’agitaient dans l’obscurité, plus loin sur le chemin côtier.
- La milice ! Souffla-t-il, cachez-vous, éteignez les lumières, vite ! Toi, dit-il en désignant un homme à la carrure de géant, va prévenir les autres que nous aurons du retard !
Nous nous cachâmes derrière de hautes herbes sauvages. Cependant, l’un des soldats semblait avoir aperçu un homme de la troupe. Il se dirigea vers nous, suivi de quelques camarades. Ils étaient encore à une trentaine de mètres mais je sentis que nous ne pouvions plus éviter la confrontation. Les naufrageurs sortirent leurs armes mais Joffre ordonna d'un geste sec de la main de les ranger. Les soldats approchaient. J’avais le souffle coupé par la peur, mes jambes étaient paralysées. S’ils nous voyaient, ils n’hésiteraient pas à tirer et la clarté de la Lune était suffisante pour pouvoir viser. Mon cœur s’accéléra. Ils s’approchaient, avançant inexorablement. Le temps semblait s'être arrêté. Tous, autour de moi, commençaient à paniquer, ne comprenant pas pourquoi Joffre s’obstinait à ne pas sortir les armes. Ils se jetaient des regards implorants les uns aux autres, cherchant, dans les yeux des leurs, la certitude qu’ils ne seraient pas débusqués et désarmés. Enfin, Joffre fit un signe, signifiant que le moment était venu pour lancer l'offensive. Des cliquetis se firent entendre, beaucoup trop fort pour ne pas être perçus par les soldats. L’un d’eux cria en braquant son fusil sur un naufrageur qui n'était qu'à moitié dissimulé derrière un amas de ronces. Le coup partit alors que la victime se levait pour s’enfuir. Son corps retomba aussitôt, comme une masse. Des oiseaux, réveillés par le coup de feu, s’envolèrent. Puis, le calme revint, oppressant et lourd. Les miliciens s'étaient mis en position de combattre, dans la certitude à présent que des brigands se cachaient dans les environs. La main de Joffre s’abaissa, annonçant la riposte. Les armes se brandirent, coutelas, pistoles, fusils et carabines. Je me terrai de plus belle. Au cri que poussa Joffre tous se levèrent. Les pauvres soldats n’étaient qu’à trois mètres de nous, une salve partit, des détonations me déchirant les oreilles. Je fermai les yeux d’horreur. Se pouvait-il qu’en un geste de quelques centimètres, par la pression d’un doigt sur une gâchette, une vie s’envole ? Que des années soient ainsi gâchées et tout un avenir anéanti ? Des corps s’affaissèrent, à présent inertes. Des âmes dont je ne connaissais même pas le nom étaient parties à jamais. Les malfrats coururent achever les derniers soldats restés à l’arrière. D’autres détonations, des claquements secs, des cris et puis plus rien, enfin. C’était fini. La Mort avait terminé sa besogne et sa moisson funeste. Quelqu’un derrière moi me saisit. Y avait-il d’autres soldats ? Je tournai la tête, effrayé, et je vis alors la face de Penven, blafarde, la lumière de La Lune lui ajoutant une touche macabre. Il brandissait un fusil. Il me dit :
- Alors le rampant, tu n’as pas eu trop peur ? Avance !
Je me relevai et nous repartîmes en silence, certains en emportant la dépouille d’un compagnon tombé au combat. Tous en voulaient à Joffre de ne pas avoir donné l’ordre de tirer plus tôt.
Nous étions presque arrivés. En effet le chant des vagues se brisant sur les rochers nous parvenait très nettement. Nous gravissions une dune et lorsque nous fûmes à son sommet, le paysage s'ouvrit tout à coup, l’horizon se dégagea, à perte de vue, vers l’autre bout du Monde. La Lune se reflétait dans l’eau, comme se pâmant devant un miroir. La scène était baignée par un calme absolu, laissant à la mer tout le loisir de chanter. Le sable fin diffusait la clarté de l’astre nocturne, illuminant encore un peu plus la plage. Les rochers se détachaient en d’imposantes silhouettes noires et semblaient murmurer des légendes datant de temps révolus. Je vis alors, surgie de derrière un amas de rochers, bercée par les flots, la barque envoyée par les quelques hommes qui avaient quitté le groupe et qui avançait lentement en se positionnant pour l’action à venir. Hélas, ce noble bateau était réduit à n’être qu’un appât, destiné à provoquer la mort et la destruction. Les préparatifs commencèrent. Les hommes allaient à leur poste le long de la plage et de la falaise. J’attachai les grosses lanternes aux cornes des bêtes et en posai d’autres sur des rochers plats ou à même le sol. Puis, j’allai me poster sur l’à-pic surplombant les flots. Des ordres fusaient d’un peu partout. D’autres bateaux, amarrés près de la berge, furent affrétés et s’éloignèrent peu à peu dans le doux clapotis des rames. L’heure du drame approchait et malheureusement j’allai être une nouvelle fois un de ses auteurs.
- Matthias ! Appela Joffre de sa voix bourrue, me tirant de ma rêverie, dépêche-toi d’avancer, tu sais bien que tu dois aller plus loin !
D’un pas traînant, je me décalai de quelques mètres pour le bon plaisir de ce monsieur Joffre. Quelques minutes plus tard, le silence retombait sur la plage. Des chuchotements parfois, puis le retour oppressant de la nuit. Au loin, de temps en temps, le chant d’un oiseau nocturne. Et puis, le murmure de la mer, ce flux et reflux immuable, m’enveloppant à présent tout entier. Mon esprit planait, bercé par cette musique, loin, loin au-dessus de cette misère, de la Mort et de mon avenir funeste. J’oubliai tout, me donnant, m’offrant, corps et âme à la contemplation de cette merveille qu’avait fait la Nature. J’avais besoin de ces moments pour me remonter le moral. C’était bon, et j’en profitai, avant que la violence ne m’envahisse et me submerge.
- Il arrive, le voilà, ça y est !
Que se passait-il ? J’avais dû m’assoupir, bercé par les vagues. Alors que j’ouvrai les yeux, d’abord éblouis par les lanternes, j’aperçus peu à peu, au loin, les lumières éclatantes du vaisseau de ligne, se reflétant sur la surface de la mer et offrant à mes yeux éblouis un véritable feu d’artifice. Mais cette splendeur était condamnée. Avec amertume je braquai le feu des lanternes vers le vaisseau.
Elles étaient lourdes et leurs anses de métal m’écorchaient les mains. Les hommes se taisaient, tendus, inquiets de savoir si l’équipage allait mordre à l’hameçon.
Les secondes passèrent, si longues, si pesantes. En mon for intérieur, je priai pour qu’ils continuent leur route, pour qu’ils puissent vivre et rejoindre un port, perdu dans le lointain. « Continue, murmurai-je, va, ne t’arrête pas, continue ta route… . Mais déjà le navire modifiait son cap. Le capitaine devait confondre les lanternes avec les feux de Brest. Il pensait avoir trouvé des quais et un lieu sûr pour passer la nuit en toute quiétude. Mais tout ce que ces feux allaient lui offrir n’était que récifs, remous et mort. Il était bel et bien tombé dans le piège qui se resserrait. S’en était fini de lui.
Il se dirigeait maintenant vers nous, travers au vent en fendant les flots. Je joignis mes mains et priai Dieu pour qu’il accueille ces matelots. Ils approchaient. Nous entendions maintenant leurs voix, portées par la mer. Nous distinguions même quelques paroles. Puis, un craquement sec, un premier rocher avait éraflé la coque arrachant quelques cris de surprise. Mon Dieu, cela recommençait, ces frissons, cette sensation horrible d’être un meurtrier. Un autre craquement, des hurlements, de terreur cette fois, transpercèrent la nuit, lugubres, déchirant le cœur et l'âme, me pénétrant jusqu’aux os, éclatants de détresse. Mais le bateau continuait toujours sa route, les parois du navire raclant les récifs alentour avec des sons lugubres. Des bruits sourds se firent entendre. Les ordres fusaient sur le pont pour tenter de sortir du guêpier. Puis, perçant une nouvelle fois le voile nocturne, une explosion et un bruit de bois brisé me firent sursauter. La coque avait bel et bien cédé aux chocs contre les récifs, je pus entendre alors un souffle, profond et grave ainsi qu'un bruit de torrent. L’eau s’engouffrait à présent dans la cale du bateau. S’en était fini d’eux et de leurs rêves de voyage. Des gens pleuraient, en proie à la panique la plus totale. Certains sautaient même du ponton et des mâts. Leurs ombres frôlaient les parois du navire comme des fantômes fondant vers l'abîme.
Chaque personne est sur un bateau et veut atteindre un port. Certains y arrivent et d’autres en sont empêchés comme eux, en mourant en chemin. Certains, aussi, ne peuvent choisir leur destination, j’en fais partie. Je suis forcé bien malgré moi de tenir un cap qui m’écœure et m’horrifie. Le navire s’enfonçait dans l’abîme dans une suite d'explosions et de craquements. Les barques s’approchaient comme de petits charognards devant une pauvre bête sans défense. Certains pilleurs arrimaient le bateau afin de l'échouer sur la plage. Et toujours, toujours ces hurlements, Les survivants étaient encore nombreux, perdus, affolés, tentant toujours de sauver leurs vies. Certains essayaient même de s’agripper aux barques, pensant que c’était du secours. Mais les malfrats, ces meurtriers sans coeur, les repoussaient, leurs assénaient des coups de rames avec des rires sadiques. Je fermai les yeux et me bouchai les oreilles. Quel tableau d’horreur éclairé par la Lune et par les lumières crues des lanternes restées allumées ! Comment l’Homme qui se considère au-dessus de tout, pouvait en arriver à de tels actes de barbarie ? Aucun être sur terre, à part lui, ne tue pour de simples objets, fruits de son imagination. Oui, c’est cela : l’Homme devait trop penser…
Certains des pauvres naufragés tentaient vainement de rejoindre la plage en nageant. L'un d'eux était sur le point de réussir mais alors qu'il se relevait, il fut abattu sans pitié. Une idée me traversa alors l'esprit, s’en était trop. Aballea avait raison finalement il fallait fuir ! Non, non, ils me surveillaient, ils me tueraient s’ils m’apercevaient. Oui, mais je ne pouvais plus subir ces nuits de Mort. Je me mis à ramper lentement vers une dune derrière laquelle je pourrai me cacher puis m'échapper. Mon coeur tambourinait, je n'avais pas le droit à l'erreur. Le silence de la nuit avait enfin retrouvé ses droits mais le fracas du naufrage emplissait encore ma tête. Les hommes parlaient maintenant en rigolant, satisfaits de leur butin. Seulement quelques cris, encore, perçaient le voile de la nuit. Je me retournai pour voir si quelqu’un me regardait. Ils étaient tous en train de s’affairer autour de l’épave. Je me mis à courir. Un nuage passa devant l’astre Nocturne, plongeant ainsi dans le noir la partie de la dune que je traversai, sauvé ! Je courus de plus belle. Je me pris les pieds dans un tas de goémons et trébuchai. Couché au sol et étourdi par ma chute, je restai allongé en attendant de voir si quelqu’un m’avait remarqué, mais rien. La Lune reparut, inondant une nouvelle fois la plage de sa clarté, hélas. Je vis une silhouette regardant dans ma direction. Bang ! Un claquement sec de carabine. La balle vint se ficher dans le sable à mes pieds. La voix aigre de Penven retentit :
- Alors ? On veut nous fausser compagnie ? T’en va pas comme ça, on va avoir besoin de toi !
Tremblant, je rebroussai chemin. La silhouette macabre de Penven m’attendait. Alors que je passais devant lui, il me frappa derrière la tête avec la crosse de son fusil. Le sang me monta à la tête, les larmes aussi, alors que je tombai à terre. Je ne pleurai pas de douleur, je ne m’en souciai plus, elle allait bien passer, mais de tristesse et de rage. Je serrai les poings et essuyant mes yeux et mes joues, je redressai la tête et bombai le torse en me relevant. Non, je n’allai pas en rester là, il verrait bien, un jour ! Penven ricana :
- Tu fais le fier maintenant ! Allez, va ! Viens décharger le bateau avec nous, je parlerai de ta tentative d’escapade à Joffre tout à l’heure !
Quelques malfrats partirent, déjà chargés de richesses. Les matelots sortirent des barques et affalèrent les voiles. La plage s’était transformée en fourmilière. La carcasse du navire devenue un frêle squelette, avait perdu sa fierté d’autrefois. Le cauchemar disparut lentement mais, comme à chaque fois, laissa une marque dans mon esprit, une gravure d’effroi. Comment pouvait-on tuer pour de simples biens matériels ? Une heure à peine s’était écoulée depuis le naufrage. Alors que je vidai le contenu d’un coffret dans un sac de toile, Joffre marcha vers moi. Il me gifla avec une telle violence que je tombai sur le sol. Il continua de me frapper avec ses pieds, martelant mon pauvre corps de tous les côtés. Il me saisit alors par les cheveux et me releva. Je grimaçai de douleur en sanglotant, doucement. Il m’envoya rouler dans le sable. Je me recroquevillai en boule en me préparant à la prochaine salve de coups. Il me hurla alors :
- Alors comme ça on veut fuir ? Immonde petit bâtard ! As-tu au moins réfléchi à ce que tu faisais ? Non, tu en es bien incapable, gast ! Je ne sais pas ce qui me retient de te tuer, traître ! Tu allais nous dénoncer, hein ? Tu ne comprendras donc jamais que tu es à notre service et que tu n’as pas le choix ? Prends ça ! Dit-il en me frappant à nouveau, et que ça te serve de leçon, esclave !
Il éclata d’un grand rire, fier de sa tirade. Je tentai de m’éloigner, difficilement à cause de mes blessures. Un rocher m’offrit un rempart. Joffre, en voyant que je tentai de me cacher, ricana de plus belle :
- Tu crois que ce rocher va t’aider ? Tu vas voir- tiens !
Il courut vers moi, en proie à un nouvel accès de colère. Il me saisit aux chevilles. Je me mis à hurler de douleur et de peur. De quel droit me traitait-il ainsi ? Il me souleva à moitié de terre et me traîna sur quelques mètres, je l’entendis patauger dans l’eau. Mon Dieu, il allait me noyer ! En effet, il me jeta dans la mer qui me glaça. Le sel vint brûler mes multiples blessures, je crus mourir. Quelle torture ! Mon cœur s’affola et très vite je manquai d’air. Je fus pris de convulsions. Mes poumons, par à-coups, tentaient de trouver de quoi respirer, en vain. Je sentis ma tête exploser, il fallait qu’il cesse.
Je me débattis mais la poigne de Joffre était bien trop forte. A quoi bon lutter ? En fin de compte, ce monde n’avait rien à m’offrir. Mon bateau allait donc s’arrêter là, sur un rivage de souffrance… Mais ma tête sortit brusquement de l’eau. Je respirai ! J’entendis la voix de Penven, en haut de la plage, qui criait :
- Joffre, une nouvelle patrouille, dépêche--toi !
- Oui, j’arrive, grommela-t-il puis il me souffla : plus tard, Mathias, ne t’inquiètes pas, ce sera pour plus tard !
Je parvins à me relever après un petit instant. En titubant, je pris les sacs et me mis à marcher, puis à trottiner, encore essoufflé. La Mort n’était pas passé loin ! La plage fut vite désertée et les derniers naufrageurs couraient à présent vers leurs logis respectifs, heureux de leur recette mais aussi inquiets de se faire attraper par la milice. Joffre et Penven me précédaient, mais je n’osais fuir, ils me rattraperaient et me tueraient pour de bon, cette fois. Mes blessures me faisaient mal. Le sel s’était incrusté et continuait de me brûler. Je notai que quelques étoiles avaient disparu. Encore quelques minutes, une heure tout au plus, et le Soleil reprendrait ses quartiers. Comme je souhaitais le revoir ! Depuis des années je n’apercevais que quelques-uns des ses rayons, au crépuscule, après avoir dormi tout le jour. Avait-il changé ? Était-il toujours aussi brillant, illuminant l’espace ? Il teintait l’horizon d’ocre à présent. Il devait être proche, si proche ! Comme je souhaitais le revoir, le laisser éblouir mon visage, d’une pâleur mortuaire, me baigner de sa tiédeur, la sentir m’envahir tout entier ! Il fallait que je trouve quelque chose pour nous ralentir. A cet instant même ma cheville me lâcha. Je m’écroulai abandonnant mon attirail. Penven et Joffre se retournèrent en sursautant. Ce dernier me dit en me saisissant :
- Quelle plaie ce gosse ! Arrête de faire les fillettes et lève--toi !
- Je ne peux pas- tu m’as cassé la jambe, dis-je alors qu’il me traînait
Il me gifla. Je me relevai avec peine. Penven me tendit un bâton en me toisant d’un air mauvais. A l'instant où nous reprenions notre marche, je l’entendis chuchoter à Joffre :
- Il devient encombrant, s’il ne peut plus marcher, autant s’en débarrasser !
Je serrai les poings. Nous étions entre la nuit et l’aube, au moment où les couleurs, lentement, redonnent vie à la nature, chassant le gris nocturne. Les nuages rougeoyaient. Le Soleil allait se lever, si proche. Il ne fallait pas laisser passer cette occasion. Mais déjà nous rentrions sur les terres de Joffre. « Pitié mon Dieu, pitié, implorai-je laissez moi voir le Soleil ! » Plus qu’une dizaine de mètres et nous étions de retour. J’avançai le plus lentement possible. Encore quelques secondes. Joffre ouvrit la porte. Ralentis ! Ralentis ! Il me tira à l’intérieur. Trop tard ! Je restai debout, vide. Joffre me poussa jusqu’à la cave. Je m’assis sur le lit. Le soleil était si proche ! Ses rayons pénétraient dans la cave à présent mais étaient happés par la poussière et la crasse. Ce matin, je me fis une promesse. En me regardant dans le bac d'eau qui me servait pour boire et pour me laver, je vis mon visage déformé par les coups que m’avait porté Joffre : il n’y avait que des boursouflures et des hématomes, j’avais la bouche en sang, le corps irradié de douleur. Je serrais les poings. Je n’en pouvais plus de cette vie j’en avais plus qu’assez ! Oui, j’allais revoir le Soleil, j’allais respirer un jour un air pur de liberté, et le plus tôt était le mieux !
Fin du chapitre I
Dernière édition par Lurra le 13/1/2010, 21:06, édité 7 fois
Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
Moi je l'ai déja lu en entier !! Mouhaha ! xD
Franchement je vous le conseille ! C'est vachement bien et l'histoire est vraiment prenante !
Franchement je vous le conseille ! C'est vachement bien et l'histoire est vraiment prenante !
Rasenti- Futur Artiste
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Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
Mathias Mathias ? (L ?)
Nom d'une fée clochette, j'adore, j'adule, j'adhère ! (comme dirait les neo !)
L'ambiance de ce début me fait curieusement penser à Peter Pan, alors que le roman semble beaucoup plus noir que ça.
Le scenario est original ! (bien qu'ayant déjà lu quelque chose de semblable, mais qui n'était qu'une partie de l'histoire).
Deux trois trucs : Des répétitions au début : Joffre, bouillie...
Si tu plonges vraiment dans le réalisme comme tu le fais, hésite pas à aller plus loin !!!! Là ou il dort, là ou il marche, à quoi ressemble la nana, à quoi ressemble la bouillie, à quoi ressemble Joffre....
Encore bravo sinon !
Nom d'une fée clochette, j'adore, j'adule, j'adhère ! (comme dirait les neo !)
L'ambiance de ce début me fait curieusement penser à Peter Pan, alors que le roman semble beaucoup plus noir que ça.
Le scenario est original ! (bien qu'ayant déjà lu quelque chose de semblable, mais qui n'était qu'une partie de l'histoire).
Deux trois trucs : Des répétitions au début : Joffre, bouillie...
Si tu plonges vraiment dans le réalisme comme tu le fais, hésite pas à aller plus loin !!!! Là ou il dort, là ou il marche, à quoi ressemble la nana, à quoi ressemble la bouillie, à quoi ressemble Joffre....
Encore bravo sinon !
Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
Comme dis effectivement Nere, n'hésite effectivement peut-être pas à être encore plus descriptif, car finalement on a quelques détails (genre quand elle donne à manger aux poules), et finalement ça s'arrête là, nous n'avons que du semi-détail. Mais après si tu préfères laisser travailler notre imaginaire, je comprends tout à fait !
C'est bon,j'ai dis mon seul truc chiant ? Alors c'est parti !!
J'ADORE, J'ADULE, J'ADERE !!! Ouah !!! C'est franchement excellent !!! Dès les premières lignes j'ai étais totalement plongé dans le récit !!! On s'attache très vite au héros, on veut l'aider, en savoir plus, connaître la suite !!! Oh la la la la !! Et puis un très très bon style d'écriture je trouve ! Nan franchement chapeau bas !!! Ex-cel-lent !! Continue à nous faire partager tes textes et ta passion !
C'est bon,j'ai dis mon seul truc chiant ? Alors c'est parti !!
J'ADORE, J'ADULE, J'ADERE !!! Ouah !!! C'est franchement excellent !!! Dès les premières lignes j'ai étais totalement plongé dans le récit !!! On s'attache très vite au héros, on veut l'aider, en savoir plus, connaître la suite !!! Oh la la la la !! Et puis un très très bon style d'écriture je trouve ! Nan franchement chapeau bas !!! Ex-cel-lent !! Continue à nous faire partager tes textes et ta passion !
Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
wouah çafait chaud au coeur lol surtout un lundi matin alors que j'ai la tête dans le cul et envie de rester à lire vos textes ^^
pour les détail : vous avez raison, si je la refaisais maintenant, j'aurai surement été plus précis mais cette nouvelle date de l'année dernière et j'avais pas encore la "maturité" (si je puis me permettre lol) pour ce genre de travail ;-)
merci merci merci !!
pour les détail : vous avez raison, si je la refaisais maintenant, j'aurai surement été plus précis mais cette nouvelle date de l'année dernière et j'avais pas encore la "maturité" (si je puis me permettre lol) pour ce genre de travail ;-)
merci merci merci !!
Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
j'ai rajouté deux pages :-)
j'ai un peu peur que vous soyez perdus au fur et à mesure que je rajouterai des pages (en y a 18)...
j'ai un peu peur que vous soyez perdus au fur et à mesure que je rajouterai des pages (en y a 18)...
Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
J'te propose de faire des marqueurs de couleurs. (genre avec les numéros de pages).
Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
à chaque rajout j'ai mis des lettres en plus grande taille et en gras ;-) enjoy !
Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
Désolé d'avoir mis tant de temps à tout lire... mais je l'ai finalement fait, et ça va valait le coup !
Tu as un super style d'écriture, et j'adore particulièrement cette histoire que l'on a l'impression de n'avoir jamais lu ailleurs, où l'on ne parvient jamais à deviner ce qu'il va se passer ce qui fait qu'au final tu parviens sans cesse à nous surprendre (j'étais convaincu qu'il arriverait à s'enfuir, j'ai trop les boules !). Juste une petite reproche, peut-être le referas-tu plus tard, mais personnellement j'aimerais bien en apprendre un peu plus sur la personnalité du héros. Après peut-être que c'est volontaire pour que n'importe quel lecteur puisse plus aisément s'identifier à lui !
Tu as un super style d'écriture, et j'adore particulièrement cette histoire que l'on a l'impression de n'avoir jamais lu ailleurs, où l'on ne parvient jamais à deviner ce qu'il va se passer ce qui fait qu'au final tu parviens sans cesse à nous surprendre (j'étais convaincu qu'il arriverait à s'enfuir, j'ai trop les boules !). Juste une petite reproche, peut-être le referas-tu plus tard, mais personnellement j'aimerais bien en apprendre un peu plus sur la personnalité du héros. Après peut-être que c'est volontaire pour que n'importe quel lecteur puisse plus aisément s'identifier à lui !
Re: Voir le Jour se Lever / Chef d'O
quand j'ai finis d'écrire cette nouvelle, je l'ai faite circuler et j'avais laissé quelques pages blanches pour écrire les impressions ect, je me souviens que le père d'une amie qui avait lu la nouvelle m'avait fait cette remarque du manque de vrai "personnalité" aussi bien chez mathias que chez penven et les autres. Mon père avait dit plus ou moins la même chose, cette nouvelle reste bien sûr une oeuvre de jeunesse avec tout les défauts que cela implique. Ce n'est donc pas vraiment fait exprès ^^' mais depuis j'y travaille dans une autre histoire, on verra bien ^^ (mais celle là sera plus longue, beaucoup plus longue j'ai l'impression vu tou ce que j'ai à raconter ^^)
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