La Carte / Fantasy

Une carte… Une magnifique carte, gigantesque, qui recouvrait entièrement le rocher sur lequel elle était posée.
Le Nefpek se demandait à présent où il pourrait bien aller… Un vieux Nefpek, très vieux.
Toutes ses plumes étaient à présent d’un gris pluvieux. Sa peau était parcourue de rides, qui se mélangeaient avec les blanches cicatrices qui ressortaient sur sa peau cuivrée.
Une immense faux reposait dans son dos. La lame était intacte. Il se baissa pour ramasser un petit caillou qui avait attiré son intention. On entendit dans son sac en bandoulière le petit cliquetis que faisaient ses aiguiseurs. Il en avait de toutes sortes. Des aiguiseurs elfiques, dont la pierre enchantée permettait à son arme de briller d’un éclat bleuté afin de l’éclairer dans les endroits les plus sombres. Des aiguiseurs orcs, d’une couleur verte peu engageante. Aiguisée avec celui-ci, sa faux pouvait tuer un Troolgiant rien qu’en l’effleurant. Le poison se répandant si rapidement dans l’organisme du monstre qu’il pouvait le stopper dans sa charge. Il possédait également des aiguiseurs chaotiques, ainsi que des angéliques. Ces derniers, il ne les utilisait qu’en cas extrême.
Le petit caillou noir qu’il tenait à présent entre ses griffes, il souffla dessus. Puis il le lança dans les airs. Le galet se mit alors à voleter, à tomber comme une plume. Satisfait, il le glissa entre ses propres plumes.
Il reporta son attention sur la carte. Une Maap’ahestoria, de type Master. Une carte géante où la terre de Dussyos est entièrement représentée. Mais pas seulement…
Soudain, le Nefpek saisit la carte, la roule et la range dans son sac, puis il prend son envol. Il vient d’apercevoir un Draco rocailleux. Un Ancêtre. En tout point identique à un Draco mise à part le fait que ses plumes sont faites de pierre. Comment un être fait de pierre, de granit, peut il voler avec tant d’amplitude !
Le Nefpek s’élance, parcours les quelques mètres qui le sépare du Draco, puis sort le petit sifflet qu’il porte autour du cou, souffle à l’intérieur, et émet une sorte de cris dont seuls les Nefpek et les Draci sont capables. Le Draco rocailleux réagit, émet le même son que le sifflet et salut le Nefpek d’un rugissement. Le tricentenaire passe alors par-dessus le dragon et se pose sur son dos.
Il saisit un petit carnet de sa sacoche ainsi qu’un fusain. D’un simple cri il demande au Draco de s’élever aussi haut qu’il le peut, juste sous les nuages. De cet endroit, le Nefpek parvient très rapidement à se repérer. Il est à la limite Nord du royaume sylvain. Il peut voir l’immense forêt, le cours d’eau qui la sillonne, ainsi que la horde de centaure gardien qui y veille. Il sait qu’après la lisière de cette forêt, aucun être n’en ai revenu afin de dire ce qui s’y trouvait. Certaines légendes racontent que l’océan s’étendrait à l’infini, et que l’on pouvait voir les racines des arbres qui se trouvent sur la côte sortir de terre et plonger dans l’eau, verticalement.
Le Nefpek caresse la bête, puis s’élance. Il passe d’abord sous son ventre, où il s’amuse à calquer son ombre sur le centre de son abdomen. Puis il accélère, lui frôle le museau et se pose dessus. Il plonge ses yeux blancs dans le noir de ceux du dragon.
La symbiose s’opère alors. Les deux ancêtres ne font plus qu’un. Le Draco rocailleux devient gris anthracite, ses yeux prennent chacun une couleur, l’un blanc, l’autre noir.
Il s’élève alors, survolant les nuages. Une nue infinie. Son ombre sur les nuages juste en dessous de lui. Le soleil lui réchauffant chaque centimètre de peau de pierre. Cette dernière se craquelle, se fend, pour finir par exploser. Le Draco Splendens apparaît…

Majestueux, il continue de survoler l’étendue de blanc. Puis redescend, traverse la couche de nuages à une telle vitesse qu’il la troue, le soleil éclaboussant alors la terre.
A quelques miles d’ici, on aperçoit déjà quelques iles… Un océan immense les entoure, les préservant dans un écrin d’un vert intense.