Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
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Evadrias
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Lyryana
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Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Merci à la dissection de ce midi, qui m'a inspirée.
Oh, ce coeur, ce doux coeur, je l'aurais dévoré...
Oh, ce coeur, ce doux coeur, je l'aurais dévoré...
Feu... Feu qui brûle au fond de moi...
Le feu noir et éternel de l’Enfer des pécheurs, celui qui me tourmente, qui m’agite, qui me fait monter les larmes, qui m’empêche de respirer sans enfoncer mes ongles dans ma chair, celui qui m’envenime, m’empoisonne, me maîtrise.
Je le vois avec elle.
Nous sommes dans le château de son père, au milieu de la salle de bal. Le lustre d’argent luit de sa pâle lueur au dessus des têtes des invités, qui dansent, tout de noir vêtus. Nous sommes des êtres de la nuit, nous ne vivons que pour cela.
La lumière, la clarté, la blancheur nous effraie. Ainsi, tout ce qui nous entoure est fait d’encre ou de sang, de pierres tombales ou de terre maudite. Nous sommes les seigneurs de la nuit, les vampires.
Ils dansent donc, au son des violons dont la musique triste et terrifiante comme un hurlement s’entoure autour de nos coeurs morts et vidés. Enfin, les leur. Le mien brûle. Sa flamme s’est rallumée.
Les liqueurs carmin passent de mains en mains, et des couples, dans les tentures des rideaux, rient, se mordent, se dévorent du regard. L’alcool les libère, ils se sentent mieux et plus enclins à la relation. Et pourtant...
Je le vois avec elle.
Bien sûr, elle est magnifique. Les cheveux d’une blondeur platine, les yeux aussi sombres que la nuit, le corps sculpté dans le marbre le plus souple, le plus doux, le plus caressant. ILS la veulent tous. Chaque partie sensuelle de son corps est moulée dans sa robe noire de velours, ses jambes repliées contre LUI s’élancent gracieusement, ses mains l’entourent, elle se cabre, et parle d’une voix de serpent, dans un dialecte qu’elle seul connaît. Elle est comme un aimant sur le désir des hommes, maîtresse toute puissante, flamme éternelle de passion, amante ardente et à jamais désirée. Je la hais.
Je la hais, parce qu’elle me l’a pris. Lui, Flemming Van Harsen, le plus beau vampire de toute l’assemblée, le fils du seigneur.
Je les vois, ainsi serrés l’un contre l’autre, cuisse contre cuisse... Elle se tient renversée dans ses bras, sa bouche comme une rose sanglante entrouverte pour accueillir le raisin que son maître lui tend. Il est magnifique, les cheveux noirs et les yeux noirs comme le charbon qui brûle, un regard qui mêle amour et cruauté. Il est parfait, magnifiquement bâti, le torse s’échappant d’une chemise de soie, des bottes de cuir et d’acier, le sourire, AH ! Le sourire qu’il m’adressait à moi, A MOI !
Il la tient, devant moi, il la serre, il l’abreuve de son pouvoir, mais pourquoi ? Pourquoi la tient-il à demi allongée sur cette rampe d’escalier en pierre ? Pourquoi a-t-elle droit de passer ses doigts infâmes et tentateurs sur son corps ? Pourquoi, pourquoi rit-elle, AH ! Non, je ne le supporterais pas !
Je ferme mes yeux couleur d’orage. Ils s’embrassent, non ! Flemming, s’il te plaît, regarde-moi, dis moi que tu m’aimes encore... Redonnes-moi ta passion, je ne peux pas vivre sans toi... Avec dégoût, je vois leurs lèvres se mordre, s’entrechoquer, se reprendre, s’abandonner l’une à l’autre. Certains vampires impressionnés restent figés devant l’érotisme puissant et maléfique de cette scène. Je les sens brûler, eux aussi... Mais d’un feu différent du mien. Bien différent.
La Haine.
Le souffle de la haine, l’amertume de la jalousie. La feu de l’Envie. Mon regard se pose sur notre mère a tous, la lune, aujourd’hui pleine. Pourquoi reste-t-elle immortelle et immuable ? Pourquoi ne saigne-t-elle pas, ne souffre-t-elle pas, elle aussi ? Pourquoi ?
Je suis au bord de l’évanouissement moral. Je m’assois, détruite, tout en les fixant. Huum... Je sens le poison de la haine se diffuser dans chaque parcelle de mon corps, sortant du bas ventre, paralysant tous mes membres, m’obligeant à rester hypnotisée devant celui qui fut mon amant le plus précieux et le plus aimé.
Ma tête croise un miroir. Avec l’horreur la plus totale, je croise mon reflet. Puis je la regarde. Puis moi. Puis elle. J’ai honte, je suis horrible, je me dégoûte. Je ressemble à une poupée de porcelaine malade, diaphane, maigre, encadrée de cheveux noirs trop épais pour moi, trop lourds, que mon cou frêle ne parvient pas à porter. Mon corps est menu, plat, dépourvu de charme. Elle est la femme dans toute sa splendeur. Je ne mérite même pas d’être son ombre, ni la poussière qui la suit.
Mes os saillent sous mes épaules minces, que ma robe a peine à cacher. Et pourtant, mon habit est magnifique, tout brillant et brodé. Il devrait me rendre belle. Mais j’ai l’air faible, absent, rêveur. Ma taille est celle d’une araignée, ma peau est comme ses fils. Je suis froide, rigide. Elle est chaude, souple, enflammée. Je suis comme un fantôme.
J’affronte mes yeux ternes. Je les hais, ils m’insupportent. Il n’ont aucune lueur, aucun éclat. Les siens brûlent.
Elle est tellement mieux que moi... Quand elle passe, les hommes se retournent, le corps brûlant. On ne remarque pas ma présence. Je m’efface dans le paysage. Et pourtant, il m’a aimée.
Oui, il m’a aimée, j’en suis sûre ! Je mors mes lèvres mauves pour ne pas céder. J’en suis convaincue, il a été à moi ! Sinon, où sont passées nos nuits enflammés ? Je lui ai plû, je m’en souviens ! Je me souviens de ses lèvres, de ses phrases...
Mensonges.
J’étais son rayon de lune, sa fleur fragile et éphémère, il me l’a dit... Il l’a juré...
Je l’ai lassé, tout est de ma faute.
Je n’ai plus qu’à mourir.
Non.
Non.
Il n’a plus qu’à mourir.
La Haine m’a eue. Très bien, ô toi Prince des Enfers, seigneur de notre abîme, je conclus un pacte avec toi.
Laisse-moi le tuer, et je serais à toi.
Je sens un vent glacé me parcourir, et je recouvre mes sens. Très bien. Il accepte.
Je te vends mon âme, contre la sienne.
La soirée se termine, mais moi je reste là.
Il est parti depuis 2 heures, dans les bras de sa conquête.
Je ne les ai même pas suivi des yeux.
J’attends.
Ô Satan, mène le à moi...
Plus personne n’est dans ce grand hall, sauf moi.
Je ressemble à la poupée moche et rejettée que l’enfant méprisant abandonne sans état d’âme.
Seule dans l’immensité.
Ils s’en fichent.
Ils ne me voient pas.
Et pourtant, ils vont me connaître bientôt.
Oh que oui.
Je t’abandonne, toi, image diffuse et disparate, timidité imbécile, rage insensée du faible.
Je préfère LA HAINE.
Soudain, IL arrive, en refermant la porte derrière lui. Il n’a pas l’air très content de devoir quitter sa blonde amante. Et même, particulièrement agacé de devoir me parler.
Il se place en face de moi, en bas de l’escalier sur lequel je me tiens. Le tapis rouge se déroule à ses pieds, et nous rapproche.
- Qu’est-ce que tu fais encore là, Melinda ? On m’a dit que tu voulais me parler. Or, je suis très occupé, donc si tu pouvais faire vite.
Mais oui, mon amour, je vais faire vite.
Les mains dans le dos, je m’approche de lui, décidée.
Chaque pas que je fais, je le vois bien, l’inquiète, le met mal à l’aise. Je ne dis rien, je ne parle pas, il préssent le danger, l’orgueil humilié de la femme répudiée. Comme si il pouvait voir les ailes de l’ange de la mort se profiler derrière moi et m’entourer, d’une voix mal assurée, il murmure :
- Tu sais, Melinda... Si je t’ai quitté, c’était pour ton bien... Tu étais tellement fragile, et je suis si fort... J’aurais pu te briser, te détruire, te tuer, sans même m’en rendre compte ! Je le voyais bien, après nos nuits, tu me semblais comme morte, et ça m’effrayait... Je ne voulais pas te tuer...
Il se met à reculer devant mon air décidé. Jamais, ah non jamais il ne m’a vu aussi décidée, aussi belle. Je me sens puissante. Je lui souris, d’un sourire de vampire, glacé et fatal. Je vois dans ses yeux s’allumer de peur. Ça y est, il a compris.
Je n’ai jamais autant souri, je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant.
Il recule, j’avance, toujours sans rien dire. Il me parle, je ne l’écoute pas. Je reste figée, horriblement déformée par un sourire de victoire. L’angoisse le fait pâlir, trembler, des gouttes de sueur s’étalent sur son front cireux.
Enfin, il touche le fond.
Il se cogne au mur. Il ne peut plus s’échapper.
IL EST A MOI.
Je sens le poignard du diable se matérialiser dans ma main, il me brûle délicieusement, AH ! A MOI, A MOI !
D’un coup sec, je lui déchire la poitrine, un rictus éclatant aux lèvres. Le sang gicle, c’est beau, c’est magnifique ! Il hurle, il a mal ! Enlève tes mains, plus personne ne peux te sauver maintenant ! J’ai la Mort de mon côté ! Hahaha !
Il s’écroule, il s’agite, pris par des convulsions. Non, non, chère mort, chère mère, ne me le prends pas encore ! Satan, retiens là ! Je veux le traîner devant toi, à mes pieds, souffrant et brisé !
L’empoignant par les cheveux, je le traîne. Ma force est décuplée, grâce à SON aide. Je le mets au milieu de tous, devant tout le monde, au centre de la pièce ! Il crie, tant mieux, que l’on voit mon crime ! Regardez, REGARDEZ MOI, HAHA ! Regardez ce que je vais lui faire subir !
Il gémit, il hurle, il me traite de tous les noms. J’ai mal aux joues à force de garder ce sourire béat de vengeance. Il tente faiblement de se débattre, mais je suis plus forte qu’eux tous. La lame d’argent entourée de brume est ornée d’un saphir plus clair que l’eau de source. Je la serre, ma meilleure amie, ma complice, et d’un coup sec, je lui ouvre soigneusement la poitrine, au niveau du coeur.
Il hurle, comme un goret qu’on saigne. Tant mieux. Oui, oui, continue ! Fais moi entendre ta souffrance, j’en rirais ! J’en ris ! Tu me fais du bien, allez hurle encore, hurle ! OUI !
Oh, pas tout l'Enfer, quel plaisir, quel plaisir inhumain, foudroyant, immatériel ! Il a la puissance, l’intensité, la jouissance malsaine d'un orgasme violent. Jamais je ne me suis sentie ainsi, même pas avec lui. Oh oui, paye, paye pour tes crimes... C'est ça regarde-moi... Je te vois faiblir, mais tu as compris.
Je plonge ma main dans le trou béant, et d’un coup sec, arrache son coeur battant. Ce coup l’achève. Il souffle, souffre, tend une dernière fois les mains, le visage tiré par la douleur, et tente de m’agripper. Son corps se cabre, tressaillit, s’arrête. La bave aux lèvres, sa tête roule sur le côté, il est mort.
Dommage, dommage mon amour, tu ne me verras pas...
Ce coeur, tout chaud encore, battant un peu par réflexe, épais, gluant, embaumant le sang , arraché, tout affolé, se cabre encore un peu, comme si la vie à l’intérieur ne s’était pas échappée. Je vois ses parois écarlates, il suinte, il pleure une eau rouge et brûlante. Alors, d’un coup de griffe, je le scinde en deux parties, et avec bonheur, je le mors, je le déchire, je le mange.
C’est bon... Je me régale de ce coeur d’humain, qui se fane entre mes doigts... Non, non pas encore... Je veux m’en délecter jusqu’au bout... Oh... Oh tu m’as trop coûté, joli coeur... C’est délicieux, tendre, ferme. Le sang brun qui y reste coule dans mes veines. Je le dévore, je le vide, avec un bonheur fixe et insupportable. Je lèche mes doigts, j’arrache les derniers morceaux, et soudain, j’avale, j’absorbe ce coeur achevé.
Le silence m’entoure.
Son cadavre pourvu d’un grand trou sombre orne la pièce. Demain, on le retrouvera ainsi, son coeur dans mon estomac contenté. On ne pourra jamais le réveiller. J’ai mangé son coeur, on ne peux plus le restituer. Bien fait. Bien fait pour vous tous.
C’est moi, c’est moi qui l’ai tué. Non, pas tué, assassiné. Achevé avec joie. Torturé horriblement.
Je suis tellement fière de moi, je me sens si bien, si bien... Enfin... Enfin, je suis quelqu’un...
Mon maître, mon roi, mon âme est tienne, que dois-je faire ?
Je croise mes yeux dans le miroir.
Non.
Plus jamais.
Je prends mon poignard infernal, couvert de son sang. Je ne veux plus jamais me voir.
Je me hais.
Jamais.
D’un coup sec, je l’enfonce dans mes deux orbites et me prive à jamais de la lumière du jour.
JAMAIS.
Dernière édition par Lyryana le 8/4/2008, 18:54, édité 7 fois
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
J'adore <3
C'est superbe <3
Magnifique <3
x_x
('veux encore dissequer un coeur! >< )
C'est superbe <3
Magnifique <3
x_x
('veux encore dissequer un coeur! >< )
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
elle me fait peur la madame
Aryko- Modérateur des Artistes
- Nombre de messages : 2064
Age : 33
Localisation : Quelque-par par là
Date d'inscription : 25/02/2008
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Waow!!!!!!!!!!!! Magnifique!! C'est impressionnant ce que une vampire brisée de l'intérieur peut faire, lorsqu'on a une déception amoureuse.
Et le vampire, il est plutôt peureux, lorsqu'il s'est que sa mort approche.
CHAPEAU Lyry'!!!!!! J'adore, troop captivante!
Et le vampire, il est plutôt peureux, lorsqu'il s'est que sa mort approche.
CHAPEAU Lyry'!!!!!! J'adore, troop captivante!
blueeangeel- Intégré
- Nombre de messages : 129
Age : 33
Localisation : Là, où il n'y a, ni bien, ni mal
Date d'inscription : 28/02/2008
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Faut que tu le mettes sur DA !!
C'est... wow... superbe, splendide histoire... ne jamais contrarier un vampire... j'men souviendrai x)
C'est... wow... superbe, splendide histoire... ne jamais contrarier un vampire... j'men souviendrai x)
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Le mettre sur DA??
Tu peux envoyer des textes? Ou par le biais du scan?
Tu peux envoyer des textes? Ou par le biais du scan?
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Ben ouais, tu connais pas DA ? ^^
C'est un site pour artistes où tu peux mettre tous tes textes et tes images, et y a pleiiin de gens qui fréquentent ^^
j'ai un compte, alors OUI, je vais le mettre sur DA
C'est un site pour artistes où tu peux mettre tous tes textes et tes images, et y a pleiiin de gens qui fréquentent ^^
j'ai un compte, alors OUI, je vais le mettre sur DA
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Je connais DA j'ai aussi un compte et j'ai remarqué qu'on pouvait le faire avant que tu mette ton com -_-''
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Dans submit Deviantion, au lieu de faire "add file", tu fais "add text" ^^
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
vous le faites exprès? je viens de dire que je savais comment faire >< !
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Dis moi, tu aimes beaucoup les vampires ou quoi? En tout cas, il y a rien à redire, magnifique^^.
blueeangeel- Intégré
- Nombre de messages : 129
Age : 33
Localisation : Là, où il n'y a, ni bien, ni mal
Date d'inscription : 28/02/2008
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
MDRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !!!!! Est ce que Lyry' aime les vampires... uhm... Aucune idée ptdr
Re: Jamais / Nouvelle fantastique - sanglante
Nan, elle en est juste fan...('spèce de fan de Anne Rice)
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